Les nombreux panneaux publicitaires illégaux qui défiguraient depuis des années le paysage bourbonnais ont pour la plupart été démontés cette semaine. A la suite du signalement des infractions à la Préfecture par l’association Paysages de France, les afficheurs qui polluaient visuellement la commune ont commencé à retirer leurs réclames, afin d’éviter d’importantes amendes.

En juin dernier, nous avions recensé l’ensemble des infractions publicitaires de la commune, accompagnés par l’association Paysages de France. L’impact de la pub sur les paysages locaux était notable : quelque vingt panneaux non règlementaires, dont neuf géants, dans un bourg d’à peine 2118 habitants.

A Bourbonne, la publicité est souvent installée en toute méconnaissance de la législation. Dans toutes les communes de moins de 10 000 habitants, les panneaux publicitaires de grande taille ou scellés au sol sont en effet interdits par le code de l’environnement.

Comble de l’ironie, certains des panneaux illégaux inventoriés à Bourbonne appartenaient à la municipalité. Cette situation pouvait paraître à tout le moins illogique, dans un bourg qui tente de s’inscrire dans la démarche des « petites villes de demain », un label destiné à améliorer les conditions de vie dans les territoires ruraux et y favoriser l’émergence d’une transition écologique.

L’association Paysages de France a récemment demandé à la Préfète de Haute-Marne de bien vouloir demander la dépose des panneaux publicitaires indésirables. Sans tarder, les services de l’État ont mis en demeure les contrevenants de retirer les publicités et leurs supports sous 30 jours, sous peine de s’exposer au paiement d’une amende pénale de 750 euros et d’astreintes fixées à 219 euros par jour.

Les panneaux du casino Joa presque tous démontés

Le casino Joa de Bourbonne, premier bénéficiaire de cette com’ illégale, a vu disparaître de la commune toutes ses publicités. L’enseigne diffusait des invitations à venir jouer au bandit manchot sur quatre panneaux géants, les fameux « quatre par trois » situés sur la RD 417.

Ces dispositifs, propriétés de l’entreprise langroise Arde’sign enseignes, ont tous été démantelés cette semaine. Nous nous réjouissons vivement que la vue sur les champs soit désormais plus dégagée aux entrées de la commune.

Le maire André Noirot, qui nous avait indiqué que la municipalité contesterait « devant le tribunal d’Etat » [sic] l’injonction préfectorale concernant le retrait des panneaux Joa, a finalement renoncé à l’idée de saisir la Justice.

Enfin, le casino s’est engagé à démonter prochainement ses deux mâts porte-affiche, toujours présents devant son établissement. Il a dores et déjà retiré les publicités qui y figuraient.

L’entreprise Joa ne sera pas pour autant privée de moyens de communication. La Communauté de communes des Savoir-Faire a annoncé, en Juillet 2022, une enveloppe de 33 125 euros pour aider les commerçants de Bourbonne, Fayl-Billot et Chalindrey à améliorer leur stratégie commerciale numérique, souvent peu développée. Cette aide représente 20 % du coût total d’un programme d’accompagnement mis en œuvre par la CCI, le reste étant pris en charge par la Région Grand Est. Le casino pourrait ainsi bénéficier de cette importante assistance des collectivités s’il l’estimait nécessaire.

Qui fait encore résistance à l’application de la loi ?

Le délai de 30 jours qui était imparti aux publicitaires pour déposer leurs panneaux est à présent arrivé à échéance. Mais, malgré le risque de sanction économique qui pèse aujourd’hui sur eux, plusieurs contrevenants ne se sont toujours pas exécutés.

Le grand panneau Carrefour, propriété d’un afficheur privé, est toujours présent sur la RD 417.

Les panneaux But et Doras sur une façade voisine, n’ont toujours pas été déposés. Le support qui accueillait la publicité Lheureux, (aujourd’hui retirée) joue lui aussi les prolongations.

A raison de 219 euros d’astreintes par jour, l’obstination fautive de certains afficheurs risquerait bien de leur coûter une petite fortune… Et de finir par les convaincre de réaliser toutes les diligences requises.

Plantez des arbres, pas des pubs !

« Regarde ma pub, consomme ! » Ce discours a désormais montré ses insuffisances. Car l’invasion de l’espace public par des visuels criards n’a pas amélioré la situation économique des commerces bourbonnais les plus avides de communication. Il serait en effet bien naïf d’imaginer qu’on puisse ressusciter l’attractivité d’une commune par le recours à des procédés publicitaires qui l’enlaidissent considérablement.

Les petites communes qui parviennent à se revitaliser sont actuellement celles qui misent fortement sur la préservation de leur cadre de vie, de leur environnement et de leurs caractéristiques rurales. Et non celles qui râlent contre la législation environnementale, tel Bourbonne, sous couvert de défense de l’activité économique.

Nous invitons donc la commune de Bourbonne-les-Bains à planter des arbres fruitiers à la place des panneaux publicitaires démantelés, et partout ailleurs où elle le peut.

Dans de nombreuses communes françaises, des pommiers, poiriers, et d’autres variétés, sont désormais plantés sur l’espace public. Le but étant que les promeneurs, les populations les plus défavorisées et les oiseaux puissent glaner des fruits. Pourquoi ne pas envisager la même chose ici ? Cela serait de toute évidence un gain pour tous.

Bien qu’étant par endroits fortement artificialisé, le territoire communal a encore la chance de compter de nombreux petits espaces arables où des arbres pourraient être plantés à peu de frais.

Son second atout évident, c’est d’avoir à domicile ou à proximité immédiate toutes les personnes compétentes pour la mise en œuvre de ce type de projet : agents publics passionnés, lycée agricole, pépiniéristes, association de préservation des variétés anciennes, etc.

Pourquoi ne sortirait-on pas les bêches ?