Dépôts de déchets de chantiers, remblaiement de zone humide, détournement de source… En fin d’année 2021, SOS Pays de l’Apance avait alerté le Préfet d’importantes dégradations commises par un individu aux abords du ruisseau du Renoy, à Arnoncourt-sur-Apance. Désormais sous surveillance des autorités, le site naturel a été en partie déblayé et pourrait bien être “renaturé” en 2023. Un point sur la situation.

Les zones humides jouent un rôle très important dans la lutte contre la sécheresse, les risques d’inondation et l’érosion de la biodiversité. Malheureusement, celle du Renoy, à Arnoncourt, a subi de fortes détériorations au cours des dernières années.

Une zone humide n’est pas une poubelle ou un terrain de jeux

A mi-chemin entre le ruisseau Jean Paillard et l’ancien lit mineur du ruisseau du Renoy, une parcelle avait été remblayée illégalement, sur plus d’un mètre de profondeur [les dernières opérations réalisées au tractopelle datent de 2021]. Irriguée par une petite résurgence, elle était connue pour être un lieu de reproduction de crapauds sonneurs à ventre jaune, une espèce protégée.

Sur ce nouveau terre-plein, le propriétaire de cette parcelle avait cru utile de déverser de nombreux déchets de chantier : concassé d’asphalte (susceptible de contenir des hydrocarbures), traverses de chemin de fer traitées à la créosote (une substance fortement cancérigène), grillages, et même une ancienne pierre tombale. Une vraie plaie pour le paysage local et la préservation de la ressource en eau.

A quelques mètres de là, le même propriétaire a créé sans autorisation un grand étang d’environ 1500 mètres carrés dans l’ancien lit du Renoy, en détournant la source qui l’irriguait jadis. L’évaporation qui en résulte contribue certainement à l’assèchement des zones humides aux alentours.

Informé de ces faits en Octobre 2021 par l’association SOS Pays de l’Apance, Joseph Zimet, alors Préfet de Haute-Marne, a réagi promptement. Plusieurs agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) ont été immédiatement dépêchés sur le site.

Dans les mois suivant la visite des agents publics, les tractopelles et poids-lourds du contrevenant se sont agités pour retirer l’essentiel des déchets et les importants volumes de remblais de la zone humide. La végétation y a désormais repris ses droits.

A ce jour, des déchets inertes sont encore présents sur le site. Nous souhaitons toujours leur retrait.

La retenue d’eau, quant à elle, n’a pas été remblayée. SOS Pays de l’Apance veillera à ce qu’elle finisse par l’être. Aucun projet, pas même une éventuelle inscription du site comme réserve incendie, ne justifierait à cet endroit-là la régularisation d’un étang d’une telle superficie, celui-ci étant susceptible d’aggraver les étiages.

Les seuls réservoirs qui peuvent stocker l’eau longtemps et avec une bonne qualité sont, rappelons-le, les nappes souterraines et non les grandes bassines à ciel ouvert.

La renaturation du ruisseau espérée en 2023

L’attention de nouveau portée à ce site naturel a permis de remettre rapidement à l’ordre du jour le projet de renaturation du Renoy. Prévu dans « plan d’action opérationnel territorialisé » (PAOT) 2019-2021 de la Préfecture de Haute-Marne, ce projet pourtant essentiel avait finalement été oublié.

Mais en Septembre 2022, le projet de renaturation a été remis à l’ordre du jour. Le dernier PAOT, qui fixe les objectifs pour la préservation de la ressource en eau en Haute-Marne pour les cinq prochaines années (2022-2027), mentionne notamment que le projet de renaturation du ruisseau du Renoy est désormais « initié ». Les agents publics en charge du dossier espèrent voir débuter les travaux en 2023.

Ces opérations, dont le programme est encore à l’étude, devaient permettre de rendre au ruisseau du Renoy son tracé historique.

Le propriétaire des parcelles concernées est à priori favorable à la réalisation du projet. Il ne pourrait de toute façon pas s’y opposer, la mise en oeuvre de ce genre de travaux ayant été été rendue obligatoire par plusieurs textes de loi européens.

Les États de l’Union européenne ont en effet signé, en 2000, la directive-cadre sur l’eau, qui les engage à mener une politique pour que la totalité de leurs eaux atteignent un « bon état chimique et écologique » à l’échéance de 2027. L’objectif est de permettre un retour à la situation de référence naturelle des cours d’eau dégradés. Dans ce cadre, la renaturation des cours d’eau est considérée par l’Europe comme un moyen d’action à privilégier.

SOS Pays de l’Apance s’assura bien sûr que le projet de renaturation du ruisseau du Renoy soit suffisamment ambitieux et conforme, dans les faits, aux dispositions de la législation européenne.