Près de 6 hectares de prairies pourraient être transformés en champs photovoltaïques, sur deux terrains situés à Arnoncourt-sur-Apance et Serqueux. La dimension écologique du projet reste à démontrer…

Au conseil municipal du 13 Décembre 2022, les élus de Serqueux ont été informés d’un projet de création de centrale photovoltaïque dans la commune, sur un terrain privé. A ce stade, les élus ont donné un accord de principe pour la réalisation d’une étude d’impact et d’études techniques par la société en charge de la réalisation de l’installation. Une enquête publique devrait suivre dans les prochains mois.

La délibération n’a pas fait l’unanimité : 6 voix pour et 3 voix contre.

La commune de Larivière-Arnoncourt, également concernée, devrait mettre le sujet aux voix lors d’un prochain conseil municipal.

Bientôt des panneaux à perte de vue ?

L’installation de cette centrale est envisagée sur deux prairies situées en bordure de route : les parcelles cadastrées ZC21 (Arnoncourt-sur-Apance) et F2146 (Serqueux), distantes de 700 mètres.

D’après l’étude de faisabilité du projet, que nous nous sommes procurée, le constructeur espère couvrir de panneaux la quasi-totalité des terrains. Soit 6 hectares au total (60 000 mètres carrés).

Le plus grand terrain, de 4,75 hectares (dont 4,5 exploitables) est celui d’Arnoncourt.

Il s’agit donc d’un projet de grande envergure, dans la mesure où les plus petites centrales photovoltaïques peuvent être installées sur 20 ares, soit 1/30e de la superficie du projet qui nous occupe.

Le propriétaire envisagerait de faire paître des moutons sous les panneaux, d’où l’emploi du terme “agrivoltaïsme” dans le dossier.

Extrait de l’étude de faisabilité du projet
Extrait de l’étude de faisabilité du projet

Qui est derrière ce projet ?

Les protagonistes de cette affaire ne nous sont pas inconnus.

Le propriétaire des deux parcelles est un habitant de Serqueux qui a créé un circuit de motocross illicite à Arnoncourt-sur-Apance, sur l’une des deux parcelles concernées par le projet photovoltaïque.

Le motocross a cessé d’être utilisé à l’automne dernier. Mais le terrain n’a pas pour autant été remis en état.

Celui-ci servait également de lieu d’incinération de déchets de chantier fort polluants : métaux, emballages en polystyrène et plastiques souples.

La société mandatée pour la réalisation du projet, quant à elle, s’appelle ReneSola Power. Il s’agit d’un groupe dont les ramifications s’étendent dans les paradis fiscaux : Delaware, Luxembourg, Iles Vierges Britanniques.

La transition énergétique façon paradis fiscaux

La société ReneSola Power a pour habitude de convaincre les riverains de la pertinence de ses projets à coups d’opérations de communication, notamment en leur proposant des placements à 5,5%.

Opération de com’ imminente à Arnoncourt et Serqueux ! [Extrait de l’étude de faisabilité]

Un projet à priori peu pertinent pour la préservation du paysage

La mise en oeuvre d’un tel projet pose aujourd’hui question. En effet, si le développement d’installations photovoltaïques est souhaitable pour décarboner la production d’énergie, celles-ci n’ont pas vocation à altérer la qualité du paysage ou à nuire à la biodiversité.

Sur ces points, l’étude d’impact nous éclairera sans doute prochainement, mais SOS Pays de l’Apance part d’un avis défavorable à la réalisation de ce projet à cet endroit, s’agissant d’un site naturel assez remarquable classé Natura 2000 (directive oiseaux).

Il serait en effet plus cohérent de favoriser les projets de centrales photovoltaïques en priorité sur des sols artificialisés ou pollués (parkings, anciennes décharges, anciennes carrières), tel que le recommandent en la matière les circulaires ministérielles. Le territoire n’en manque pas.

Affaire à suivre, donc.


Illustration de l’article : Un projet de centrale photovoltaïque réalisé au Royaume-Uni par le groupe ReneSola Power